> Un contexte
La commémoration du centième anniversaire de "la grande guerre 1914-1918" a donné lieu en 2018 à travers toule l'Europe à de nombreuses expositions à caractère historique.
Plutôt que de proposer une exposition de mémoire avec des documents d’archives aussi divers que semblables cependant, nous avons choisi de donner la parole à des artistes contemporains afin qu’ils nous livrent leur vision, leur lecture, leur interprétation, leur représentation plastique des conflits, de leurs origines et de leurs conséquences. ; souvent de façon détournée, décalée et humoristique.
Au travers d’une sélection d’œuvres aux mediums variés, c’est tout le questionnement sur ce qui est à la base des conflits qui a été la trame de deux expositions qui ont été présentées à la Chapelle de Boondael à Ixelles-Bruxelles. Pourquoi les guerres éclatent-elles ? Quelles en sont les raisons ? Quelles en sont les conséquences ? Quels en sont les signes visibles ?
Toutes ces questions trouvent quasiment toujours la même réponse : les guerres éclatent, les conflits naissent et perdurent à cause de divergences de vues sur le territoire, sur le morcellement des terres, sur le partage de notre planète. Hier comme aujourd’hui, l’appropriation du territoire constitue une des causes majeures des conflits guerriers : pensons aux territoires occupés là-bas, aux cantons rédimés ici, aux frontières toujours contestées ailleurs …
La notion de territoire n’est plus une donnée fixe : les espaces de vie des peuples deviennent des Territoires Nomades.
Le premier signe visible du partage du territoire est la frontière, les frontières sous leurs différentes formes : frontières physiques bien sûr avec les douanes, barrières, caméras, contrôles d’accès, surveillances renforcées, mais aussi les frontières naturelles avec les mers et océans infranchissables et dont l’horizon nourrit tellement de rêves pour bon nombre de peuples. Les frontières autres aussi : frontières linguistiques, frontières religieuses, … Les notions de départ sans retour, de réfugiés, d’expatriation, de déplacements, sont autant de source d’inspiration pour les artistes.
Le territoire est une réalité mouvante qui se visualise toujours au travers d’un plan, d’une carte. Si la carte est un élément central de tous les conflits (elle permet de définir et de fixer les contours de nos territoires, de déterminer et de voir comment il est morcelé), en temps de paix elle fait partie en permanence de notre quotidien : notre mobilité y est rivée : plans et guides des villes, plans des transports en commun, GPS, … autant d’instruments qui régissent nos nouveaux territoires. Avec humour, dérision, mais aussi dans certains cas avec une bonne dose d’absurdité, des artistes s’approprient la carte, ils la détournent de son sens et dans sa forme pour nous offrir des œuvres singulières et originales.
> Un concept
Quel plus beau symbole de la représentation de notre territoire, de notre planète, que le globe ?
Nous avons donc décidé d’inviter des artistes à se le réapproprier. Ils sont invités, chacun avec leur(s) technique(s) artistique(s), à donner une nouvelle vie à des globes de deuxième main, trouvés au détour de brocantes et autres marchés aux puces.
Ils sont invités, au travers de leurs interventions artistiques, à nous faire réfléchir sur la notion même de territoire. Une certaine façon aussi de répondre à une question un rien décalée lorsque notre étonnement, notre incompréhension, face à un conflit se fait jour : la terre tourne-t-elle rond ?
Les artistes invités se réapproprient très librement l’objet globe: il peut être gravé, peint, dessiné, coupé, emballé, suspendu, recouvert, enfermé, … au gré des envies des artistes.
> Un projet
Le projet Territoires Nomades – Globes d’artistes est un projet important qui prendra la forme d’une exposition itinérante lors de manifestations essentielles partout en Europe dans des lieux importants liés à l’art contemporain (biennales d’art contemporain, foires et salons).
Ces globes seront en quelque sorte le messager d’une réflexion sur le territoire partout en Europe.
Un catalogue de toutes les créations sera réalisé et mis en vente pour soutenir la finalité du projet : récolter des fonds pour créer une résidence d’artistes pouvant accueillir des artistes issus de régions en conflit et leur permettre de la sorte de poursuivre un projet artistique mis à mal de part la situation même dans leur pays, leur région. Offrir donc, le temps d’un projet, un lieu de création et de travail à Bruxelles, au cœur de l’Europe.